Il n'est pas donné à tout le monde d'être plumassière... Une bonne dextérité manuelle, un sens aigu de l'observation des qualités de concentration et bien sur un intérêt évident pour le milieu de la mode, sont les premières clefs à avoir pour pouvoir se lancer dans ce beau métier.
Héritières d'un savoir-faire ancestral, les plumassières reproduisent des gestes minutieux et des techniques spécialisées qu'elles associent à leur esprit créatif et aux tendance de la mode pour inscrire la plume dans l'ornement contemporain.
Le savoir-faire n'a finalement que très peu évolué au fil du temps, et son outillage de travail de base ne s'est pas non plus vraiment modifié. Il se compose de couteau à parer, tranchant et bien affûté, d'un couteau à friser à lame non tranchante et d'une pince pour maintenir la plume.
Les plumes offrent une palette incroyable de couleurs, de formes et de textures différentes. Elles proviennent d'oiseaux d'élevage ( autruche, coq, faisan,dinde, poule, oie, canard, paon..et la liste est longue) principalement de pays étranger comme l'Afrique du Sud, la Chine, le Brésil, l'inde et l'Europe de l'est.
Pour chaque pièce réalisée, le travail de préparation et de sélection des plumes est rigoureux. Et selon les commandes les délais de réalisation peuvent être très exigeants. Un petit exemple, pour sa collection Hiver 2011/2012, le couturier Jean-Paul Gaultier n'a donné qu'un délai d'un mois à une petite équipe composée de 3 plumassières pour réaliser l'ensemble de ses parures en plume.
Les plumes arrivent brutes et non traitées à l'atelier, elles sont plongées plusieurs fois dans des bains d'eau savonneuse, afin d'enlever la pellicule de graisse qui les protègent dans la nature, elles sont ensuite rincées à l'eau claire. Ensuite, elles peuvent être teintées, elles sont alors accrochées en forme de bouquet puis trempées dans un bain de teinture à tissu, mais peuvent être aussi décolorée, blanchies ou même "brûlées" (trempée dans une solution basique afin de supprimer les barbules). Une fois séchées, les plumes vont ensuite être passées au dessus une source de vapeur pour leur redonner volume et souplesse.
Les plumes vont être ensuite triées, en fonction de leurs aspects et de leurs qualités. L'art de façonner la plume, nécessite une connaissance approfondie de la matière, les plumes étant choisie une à une pour créer les effets recherchées. La sélection des plumes étant une tâche primordiale qui fait appel au sens de l'observation et à une patience infinie... Par nature chaque plume d'un oiseau est unique tant au niveau de la couleur, de son motif, de sa texture, de sa taille et de l'inclinaison liée à son implantation sur l'animal. Autant que possible, les couleurs naturelles sont privilégiées par la plumassière au détriment de la teinture.
La plumassière élabore des maquettes en papier avant de procéder à la partie technique du travail de la plume. On ne peut pas se lancer dans un projet sans imaginer avant ce que l'on va faire car chaque création sera élaborée en fonction de ce que l'on veut réaliser très précisément. En effet, l'art de la plume présentent différentes méthodes de travail. Les trois techniques fondamentale de base sont le collage, la monture et la couture auxquelles on peut encore y ajouter le tissage. C'est donc en fonction de ce que l'on veut faire, que la plumassière va mettre en oeuvre tout son savoir-faire avec une seule ou plusieurs de ces techniques pour servir à sa créativité afin d'obtenir l'effet final recherché sur les maquettes élaborés avec ses clients aussi bien sur la texture, sur le volume que sur les motifs désirés.
Les secrets de la technique de la monture
Elle consiste à assembler au fil métallique ou au fil de coton différents éléments autour d'une tige en pratiquant ce que l'on appelle le "tourner". Pour les montures fines composées par exemple de "barbes" de plume, le fil à enrouler est maintenu entre les doigts de la main droite pour lui donner une tension . Ce même fil est pris entre le pouce et l'index de la main gauche, avec la tige que l'on fait tourner rapidement de gauche à droite tout en serrant correctement le fil. De cette manière, le fil s'enroule en spirale de façon à maintenir durablement les différentes plumes assemblées. Pour des pièces plus importantes, la plumassière maintient les éléments dans la main gauche et tourne le fil de la main droite dans un mouvement de moulinet...
Cette technique est également utilisée pour réaliser des moules en ouate qui seront recouverts de plumes ou pour les finitions en habillant la tige d'une couche régulière de différentes matières comme de fil de rayonne, de coton ou de soie, de papier, de tissus..., sur toute sa longueur, cette technique s'appelle le "guiper".
Les secrets de la technique du collage
Le collage permet de recouvrir partiellement ou en totalité un support, qu'il soit rigide ou souple. Les plumes peuvent être collées directement sur ce support ou sur ce qu'en plumasserie on appelle des "minoches" (petits éléments typiques à la profession, confectionnés dans un tissu de soutien ou en feutrine, très souvent en forme de goutte ou ovale et servant d'élément de garniture). Entre le pouce et l'index, la plumassière tient le couteau à parer avec laquelle elle coupe d'une façon nette la côte de la plume. Tout en maintenant la plume entre la lame du couteau et le pouce, elle positionne ensuite une pointe de colle à la base de sa plume. Elle peut ensuite, selon le travail encoller toute la plume en étalant la colle à l'aide du couteau. Reste à poser la plume sur le support et à choisir la méthode la plus appropriée soit en collage en "aplat" (sur l'endroit de la plume), en relief ou encore à la "retroussette"( sur l'envers de la plume), côte à côte, l'une sur l'autre, en quinconce...bref laisser parler son imagination...L'avancement du travail et le sens du collage sont déterminés en fonction de l'effet visuel, de la texture recherchées et doivent avant tout respecter la forme désirée...sur certaines pièces la plumassière peut passer des centaines d'heures pour obtenir le résultat escompté.
Les secrets de la technique de couture
Les plumes peuvent être cousues ou tissées sur bien des supports textiles, sur des rubans, sur des biais de tissus..
La plumassière peut aussi fabriquer différents type de boas. Le choix se fait surtout selon la nature des plumes qu'elle va utiliser. Un boa en plume d'autruche par exemple, la créatrice va d'abord décôter les plumes et les disposer sur un métier qui se préente sous la forme d'une planche en bois présentant des rangées de clous séparées par un espace sur toute la longueur du métier à tisser. Les plumes sont alors réparties de chaque côté de cet espace sans clou dans lequel la plumassière insère un gros fil de coton et des plumes de marabout parées destinées à cacher le montage. Les différents éléments sont alors cousus en point de zig-zag au moyen d'une machine à coudre équipée d'un pied de biche spécial. Une fois la couture terminée, le boa est tourné au dessus d'un bain de vapeur pour obtenir sa forme et se réduit en longueur d'environ un tiers. Mais il existe bien de boas différents...Le boa "chandelle" par exemple, réalise en plumes déchirées d'oie, la plumassière utilise pour celui là un outil comportant deux bobines dont des fils vont emprisonnés les plumes pour les assembler ou encore le boa papillon en plume de dinde ou de coq, là, elle insère un fil dans la côte de chaque plume puis tourne le boa en le maintenant aux deux extrémités pour lui donner son aspect final.
Tout est un question d'imagination au final mais chaque création doit être minutieusement pensée et étudiée avant d'être réalisée car une erreur et le travail est à recommencé...
Il existe bien des méthodes de façonnage qui peuvent être utilisées pour modifier l'aspect naturel d'une plume. On peut parer la côte de la plume, la redresser, la courber, la friser (d'où le couteau à friser) l'ébarber, la nouer, l'allonger... et la liste est longue... Aux techniques anciennes se sont ajoutées des techniques modernes (de la sérigraphie et autres méthodes d'impression, l'utilisation du laser plus précis encore que le couteau à parerpour des réalisations de dessins bien précis...) c'est sans doute les raisons pour lesquelles, c'est un des métiers où les secrets de fabrication sont jalousement gardés.... et qui en font un des métiers reconnus à ce jour comme métier d'art. Une distinction bien plus qu'honorifique pour un métier aussi passionnant....à suivre comment devenir plumassière...